Malgré son origine paysanne cantalienne et sa formation littéraire, Michel Dumas est un indien sans plume plutôt adepte du stylo Bic. Il a d'abord tenté de gagner sa vie dans l'administration. Mais l'Indien résistait en lui. Alors après cette courte période d'errance géographique sans issue édifiante pour sa quête d'irréductible, il n'a plus cessé de se livrer à la pratique des arts singuliers.
Sa voie n'a donc rien d'académique. Sa formation, il l'a puisée dans les émanations du volcan ensommeillé, dans ses couleurs, ses rudesses, ses douceurs. La pierre de Volvic l'a aussi beaucoup inspirée puisque c'est dans ses parages qu'il a pu bénéficier de stages courts à l'école d'art de la ville.
D'autres rencontres ont également été décisives : les enfants dont il a eu momentanément la charge et qui l'ont initié au plaisir du dessin ; le peintre Marcel Mazar, les sculpteurs Pierre Della Giustina et Marc Petit après le mosaïste Jean-Marie Garnier.
C'est lui, le mosaïste qui a déclenché une première période vraiment créative. En effet, c’est après un séjour chez lui que Michel Dumas s'est lancé dans l’art de tailler et d'agencer les pierres naturelles… jusqu'à la tendinite ! Qu'à cela ne tienne, les papiers déchirés, c'est plus tendre que les cailloux. Michel Dumas s'est donc mis à réaliser des collages, puis au fil des ans il a mêlé sur ses papiers toutes sortes de techniques, de la gouache au stylo bic en passant par le pastel, les crayons de couleurs, les encres ou la craie.
Le geste premier de l'artiste est sans doute un jaillissement instinctif retravaillé jusqu'à l'acceptation de formes et de tons définitifs.
Dans son œuvre insolite de petits formats aux tons très délicats, grouille un bestiaire fantastique qui côtoie des créatures surprenantes, êtres humains ou âmes errantes, spectres inquiétants ou au contraire irradiant de tendresse bienveillante.
Michel Dumas donne dans l'intime, dans l'infime. Sa marotte la plus récente l'a embarqué dans la fabrication de figurines en bois glané ici ou là. Elles sont bien de la même tribu que les créatures sur papier. Tout cet aréopage miniature s'ébat dans des scènes souvent énigmatiques qui laissent la clef des champs libres à l'imagination. De quoi se rincer l’œil de son for intérieur !